MARCHE DU 1° ZOUAVES |
Sous le soleil brûlant de l’Algérie Notre Etendard flottait calme et vainqueur Au cri d’appel de la mer Patrie Du nord il vole affronter la rigueur Va déployer au vent de la Crimée Tes plis sacrés, ô mon noble drapeau Déjà noirci de poudre et de fumée Au premier rang tu seras le plus beau |
Hourra! Hourra! mon noble régiment! Le canon résonne et le clairon sonne! Hourra! Hourra! Zouaves en avant! Hourra! Hourra! En avant! En avant! Pan! pan! l’arbi! Les chacals sont par ici Les chacals, ces vaillants guerriers Qui ne laissaient pas les colons nu-pieds Cinquant’ sous la paire de souliers Approchez, v’nez prés des quartiers Vous y trouverez aussi des sous-pieds Qui sont payés |
Sans crainte, amis, on peut fouler la terre Qui, tôt ou tard doit recouvrir nos corps Lorsqu’on sent là, seul bien du militaire, Un corps royal, une âme sans remords Heureux celui qui meurt dans les batailles Sous son drapeau, prés de ses vieux amis Il a du moins de nobles funérailles Et Dieu béni qui meurt pour son pays |
Jeunes soldats espoir de la Patrie Que les vertus de ceux qui sont tombés Pour conquérir la terre d’Algérie Servent d’exemples à vos jeunes fiertés Et quand viendra le grand jour pour la France Puissiez-vous tous, en vous en inspirant Aller au feu le cœur plein d’espérance Et conserver toujours le premier rang |
Jeunes beautées qu’à l’hiver le ciel donne Comme au printemps il a donné les fleurs De vos plaisirs effeuillez la couronne Dansez gaiement grâce à vos défenseurs Mais si soudain survient dans une fête Un vieux chacal au front cicatrisé Qu’un doux sourire acquittant votre dette Lui paye, enfants, le sang qu’il a versé |
Ainsi qu’on voit des flancs noirs d’un nuage Jaillir soudain la foudre et les autans Tels des vaisseaux s’élançant sur la plage De nos zouaves les flots impatients Comme un torrent de laves bouillonnantes Leurs bataillons fondent sur l’ennemi Et font monter leurs vagues triomphantes Jusqu’au sommet des remparts de granit |
Plus tard on vit revenir d’Italie Nos chers drapeaux sous son aigle vainqueur Comme autrefois de l’Autriche envahie L’un d’eux, tout fier, portait la croix d’honneur Tous trois étaient troués par la mitraille Resplendissant à l’horizon vermeil Chacun portait le nom d’une bataille Dont l’or brillait sous l’éclat du soleil |
Par tous pays, sur l’ordre qu’on nous donne Du fier drapeaux nous portons les couleurs Et nous savons le prix d’une couronne Quand devant nous on prodigue les fleurs Le seul récit d’une bataille Fait au retour et par tous admirer Un bout d’étoffe où pend une médaille Paient au chacal le sang qu’il a versé |
Que le conscrit tout bas se désespère S’il est un jour sans vivres et sans abri Le vieux chacal sait dormir sur la terre Le sol suffit à son corps endurci Le vieux chacal pour chasser la famine A des moyens qu’en Afrique il apprit Les maraudeurs fournissent les cuisines On vit toujours au frais de l’ennemi |