Durant plusieurs siècles, le site de Nantes sera régulièrement convoité. Rapidement au centre des « marches franco-bretonnes », la cité deviendra souvent un champ de bataille. C’est d’abord à l’abri de fortification avec le château, plusieurs fois renforcé, que les Nantais vont chercher à se protéger.
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Au XVIIIe siècle, Nantes est un carrefour qu’empruntent régulièrement les troupes royales vers la Bretagne. Elles y prennent souvent leurs « quartiers » dans la ville. Il faut pourvoir alors à leur alimentation et à leur logement. Elles recrutent en passant. La population est en même temps soumise d’une part à la levée de la « milice provinciale » qui peut être amalgamée aux troupes « réglées » et d’autre part à la « milice bourgeoise » en mesure théoriquement de participer à la défense de la ville.
A la Révolution, « la Nation est en danger », les Nantais, comme tous les Français, sont sollicités pour répondre à l’appel des Volontaires. Mais, dès 1793, la ville est en première ligne face à l’attaque des Vendéens. Le maire Baco et le général Canclaux, commandant de l’armée des côtes de Brest, organisent la résistance avec les gardes nationnaux, les bataillons de volontaires, les volontaires de 1792 et les soldats de ligne qui ont pu être regroupés.
Durant l’Empire, même si elle est plutôt éloignée des fronts, la ville doit fournir son contingent de recrues aux armées napoléoniennes. Elle reste donc un centre de recrutement et d’instruction, et toujours une ville de passage. Quelque Nantais, à l’image de Cambronne, attirés par l’aventure, participent volontairement à l’épopée révolutionnaire et napoléonienne.
Comme les Restaurations se veulent pacifiques, le poids de la conscription est allégé. Mais les conscrits, victimes du sort ou sans remplaçant, devront partir pour cinq ou sept ans. Nantes devient le siège d’une division militaire dont le général s’installe à l’hôtel d’Aux en 1828. Il gère les mouvements des unités et coordonne les actions de maintien de l’ordre, en lien avec la gendarmerie qui, sous le Second Empire, se déploie et remplace progressivement la Garde nationale dissoute. La ville s’associe volontiers aux succès remportés sur les champs de bataille extérieurs et à la gloire des Nantais qui y ont participé. Les premières casernes voient le jour dans la cité.
En 1870, le manque de préparation et de coordination conduit, entre autres raisons, au désastre de Sedan. Devant l’avance prussienne, les Nantais se sentent menacés et vont être appelés soit dans les armée de la Loire, soit à une défense de la ville que l’armistice rendra inutile.
La défaite est l’occasion d’une remise en cause générale. Nantes devient une ville de garnison, siège du XIe corps d’Armée.
IL faut progressivement réorganiser les forces et leur commandement. Des effectifs entraînés sont nécessaires, ainsi que des « réserves » en mesure d’intervenir efficacement. Il faut construire des casernes. A la veille de la guerre il y en aura cinq regroupées essentiellement à l’est de la ville, avec environ 4000 hommes de différentes armes. Il s’agit essentiellement de recrues du département, effectuant deux ou trois années d’un « service militaire » qui deviendra progressivement et effectivement obligatoire et universel en 1905.
La mobilisation d’août 1914 touche Nantes avec ses 10 000 mobilisés. En effet, la montée en puissance entraîne la mise sur pied des régiments de réserve et de territoriale. Les autorités réquisitionnent de nombreux établissements afin de loger l’ensemble des nouvelles recrues et assurer l’accueil des blessés et des troupes étrangères qui débarqueront à Saint-Nazaire. Pendant cinq ans, environ 230 000 hommes passeront ainsi par les cantonnements nantais. Si la ville n’est pas directement sous le feu, elle n’en constitue pas moins un véritable « front de l’arrière ».
En 1919, après cinq ans d’absence, le retour des régiments est l’objet de manifestations d’enthousiasme populaire, mais surtout de recueillement entretenu, en particulier par les nouvelles associations d’anciens combattants autour des plaques et monuments aux morts. Celui que la ville fait construire au bas du cours Saint-André recense 5 800 noms de mort pour la France .
Le 65e RI rejoint, en partie, la caserne Cambronne, le 51e RA retrouve un quartier Mellinet achevé, mais équipé de nouveaux matériels, des canons de 105. Il devient, à partir de 1924, le 355e RALP (régiment d’artillerie lourde portée).
Mais la France a besoin de se reconstruire, veut oublier, et faire confiance aux traités. Les limites et missions du XIe corps sont modifiées. Les effectifs sont réduits, comme la durée du service militaire…
De nouveau, il faut mobiliser en 1939. Les unités, d’active et de réserve, quittent Nantes pour rejoindre l’est de la France. C’est la drôle de guerre et la défaite… les morts, les prisonniers et les réfugiés. Le 20 juin 1940, les troupes allemandes s’installent dans les casernes et à l’hôtel du XIe corps.
Alors que certains de nos soldats réussissent à rejoindre les forces qui se préparent pour reconquérir le sol national, d’autres en France et à Nantes même, « soldat de l’ombre », FFI, vont payer de leur vie leur résistance. Tous contribueront à aider les Alliés à chasser les envahisseurs de Nantes.
En 1945, dans une ville qui a particulièrement souffert des bombardements et compte ses victimes, la priorité est à la reconstruction des infrasructure urbaines. Dorénavant le dispositif militaire va devoir régulièrement s’adapter aux conditions économiques, géopolitiques et sociologiques changeantes.
Située désormais en IIIe région militaire, Nantes est uniquement le siège d’un « groupe de subdivisions » (44,85,49). Plusieurs casernes inutilisées sont mises à disposition d’administrations civiles (Cambronne et Bedeau).
Les forces armées doivent, essentiellement avec le contingent, assumer l’occupation en Allemagne puis les contraintes de la « guerre froide », pendant que, dans un même temps, l’intervention en Indochine devient l’affaire des engagés. Nantes est alors essentiellement centre de recrutement et d’instruction.
De 1954 à 1962, c’est l’Afrique du Nord et surtout l’algérie. Les besoins en effectifs nécessitent, dès 1956, le rappel des classes, et le maintien du contingent au delà de la « durée légale ». Des milliers de jeunes appelés nantais passeront ainsi 28 mois en Algérie.
En 1962, après le retour en métropole, la nouvelle orientation de la défense voulue par le général De Gaulle, l’évolution constante du contexte géopolitique, la tendance régulière à la baisse des budgets et des effectifs, expliquent les nombreuses restructurations et peut-être la moindre visibilité des armées dans un paysage nantais, lui, toujours en croissance régulière.
Nantes sera successivement le siège de :
– en juillet 1966, la 33e division militaire territoriale (33e DMT) à Richemont à compter 1974 avec la 33e compagnie divisionnaire et le CM 65 qui assure la mobilisation du 65e RI, régiment de réserve suceptible d’intervenir dans le cadre des missions de défense opérationnelle du territoire. Le Centre d’instruction du service de santé, chargé de la formation des auxiliaires de santé stationne pendant 22 ans à Mellinet.
– en juillet 1984 est créée la Force d’action rapide (FAR), corps d’armée rapidement projetable à l’extérieur. La 9e divisiond’infanterie de marine (DIMa) en est une des six divisions. Son état-major est transféré de Dinan à Nantes et fusionne avec celui de la 33e DMT, tandis que son régiment de commandement et de soutien (9e RCS) s’installe à Mellinet avec environ mille hommes pratiquement tous engagés.
En 1999, dans le cadre des lois de programmation militaire, d’un nouveau contexte géostratégique, de la suspension du service national, remplacé, pour tous les jeunes français et françaises, par une simple « JAPD » (Journée d’appel de préparation à la Défense), une vaste réforme s’engage.
La nouvelle organisation permet la mise sur pied de forces et d’états-majors aptes à intervenir en fonction des besoins. Un commandement opérationnel unique, la force d’action terrestre (FAT), situé à Lille, avec quatre états-majors de force disponibles en permanence, commande les régiments regroupés en neuf brigades. La chaîne territoriale s’organise en cinq régions Terre, Nantes dépendant de la région terre nord-ouest (RTNO) à Rennes.
Finalement, le 17 juin 2008, le « Livre blanc sur la défense et la sécurité intérieure » modifie en profondeur l’organisation du dispositif militaire en France. L’EMF 2 et son bataillon de soutien le 22e BIMa sont dissous tandis que l’état-major de la 9e BLBMa rejoint Poitiers.