MARIE-DOMINIQUE |
J’étais un soldat de marine J’venais m’engager pour cinq ans J’avais vingt ans, belle poitrine Comme dans le refrain du régiment Dans les bistrots près de Lourcine Les Anciens m’en faisaient un plat Tu verras ce que c’est que l’Indochine Écoute la chanson d’un soldat |
Marie, Marie-Dominique Que foutais-tu à Saigon? Ça ne pouvait rien faire de bon Marie-Dominique Je n’étais qu’un cabot clairon Mais je me rappelle ton nom Marie-Dominique Est-ce l’écho de tes prénoms Ou le triste appel du clairon Marie-Dominique |
Je ne savais pas que la chance Ne fréquentait point les canyas Et qu’en dehors de la cuistance Tout le reste ne valait pas ça Tu m’as fait comprendre des choses Avec tes petits airs insolents Et je ne sais quelles apothéoses C’était le plus clair de mes tourments |
Ce fut Marie la tonkinoise Qui voulut faire notre bonheur En me faisant passer sous la toise Dans le vieux cholon ou bien ailleurs Tu étais rusée comme un homme Mais ton but je l’voyais pas bien Avec ta morale à la gomme Au cour de la Piastre à Nankin |
Tu m’as gâté mon paysage Et l’avenir quand sur le transport Je feuilletais de belles images Peintes comme des bouddhas en or Où sont mes buffles dans la rivière Les sampans, l’arroyo brumeux Les congaïs, leurs petites manières Devant le pouvoir de tes yeux |
C’est ta démarche balancée Qui effaça tous mes espoirs Car cette bonne vie si bien rêvée Ce s’rait idiot de t’en vouloir Cette chanson de la Coloniale C’est le résultat en cinq ans De mes erreurs sentimentales Selon l’expérience des camps |