OPIUM |
Dans le port de Saigon Il est une jonque chinoise Mystérieuse et sournoise Dont nul ne connaît le nom Et le soir dans l’entrepont Quand la nuit se fait complice Les européens se glissent Cherchant des coussins profonds |
Opium, poison de rêve Fumée qui monte au ciel C’est toi qui nous élève Aux paradis artificiels Je vois le doux visage Les yeux de mon aimée Parfois j’ai son image Dans un nuage de fumée. |
Et le soir au port Falot, Les lanternes qui se voilent Semblent de petites étoiles Qui scintillent tour à tour. Et parfois dans son extase, Au gré de la fumée grise, Le fumeur se représente Ses plus beaux rêves d’amour |
Puisqu’on dit que le bonheur N’existe pas sur la terre, Puisse l’ombre de nos chimères Un jour nous porter ailleurs. Au paradis enchanteur Plein de merveilleux mensonges Où dans l’extase de mes songes J’ai laissé prendre mon cœur |