Éditorial

Editorial

Avec le départ de ses soldats, c’est une grande page de l’histoire de Nantes qui se tourne. Nantes a toujours été une ville de garnison. Elle a été siège de corps d’armée pendant près d’un siècle. Plusieurs régiments ont séjourné durablement dans notre ville et l’on fortement marquée. Evoquer aujourd’hui cette mémoire alors qu’une nouvelle page de l’histoire militaire de la France s’ouvre avec les restructurations de la Défense Nationale, c’est parler des liens forts qui se sont noués entre Nantes et ses armées, entre les Nantais et leurs soldats. Installé au coeur de Nantes, les régiments, leurs soldats, leurs officiers, leur personnel civil et leur famille appartiennent à la vie quotidienne des nantais et ont participé activement à la vie de la cité. La relève des unités militaires, les défilés du 14 juillet et les cérémonies patriotiques, le départ des soldats pour le front ou pour les théâtres d’opérations extérieures, sont autant de temps forts et populaires qui ont tour-à-tour mis la ville en liesse et en joie, mais lui ont aussi fait partager le deuil de ses soldats tombés au champ d’honneur. Cette présence de l’armée dans la ville, son rôle économique et sociale lui ont fait dépasser son rôle militaire pour l’ériger en actrice de notre vivre ensemble. Toutes les unités militaires basées à Nantes et leurs soldats ont été une raison de fierté partagée pour tous les Nantais. Les troupes envoyées au quatre coins du monde dans des missions de maintien de la paix ont porté nos valeurs républicaines et démocratiques.Pour marquer ce lien fort et cette solidarité entre la ville et ses soldats, en décembre 2002, avec une délégation nantaise, j’avais ainsi rendu visite aux six cents marsouins de la 9e Brigade légère blindée de Marine alors déployés au Kosovo dans le cadre d’une mission de paix sous l’égide de l’ONU. Au-delà des souvenirs forts que nous partageons, au-delà de la nostalgie, la présence des soldats à Nantes appartient pour toujours à notre mémoire collective et patrimoniale. L’armée a marqué la forme de la ville avec le quartier des casernes à l’est , le superbe hôtel du 11e Corps qui domine la place Foch, le cercle mixte de la Visitation, rue Gambetta, ou le quartier Desgrées du Lou. Autant de monuments dans la ville, autant de signes de cet héritage et de cette longue histoire qui a uni et continuera à unir Nantes à ses soldats, et à travers elle, l’armée et la Nation.
Certes, ce retrait de l’armée de terre de Nantes est difficile, voir douloureux pour beaucoup, mais il se veut digne et résolument tourné vers demain. Pour nous, soldats de l’armée de terre viscéralement attachés au sol que nous défendons, il est difficile de quitter cette belle ville de l’ouest ou nos conditions de vie et de travail sont remarquables. Il est douloureux de quitter une ville de garnison éclectique et séduisante où le lien entre la Nation et son armée s’avère harmonieux et respectueux. Car Nantes est une terre de soldats, la lecture des tables mémoriales nous rappelle le lourd tribut payé lors des derniers conflits. Il s’agit de rester digne dans cette adversité, avec cette faculté de résilience qu’ont les soldats, forgée à l’aune de cette vieille histoire des peuples qui ont une vraie profondeur historique.
Faire nos adieux à Nantes, ce lieu unique, où nous avons été heureux et rendre du fond du coeur hommage à tous ces soldats qui à partir de Nantes ont porté nos trois couleurs dans le monde entier, pour la défense de nos valeurs et de nos intérêts, c’est bien le but des manifestations qui marquent notre départ. Il s’agira ensuite, de construire ailleurs, une nouvelle armée de terre dont l’empreinte au sol sera plus compacte, mais sans oublier cette longue et belle histoire entre les Nantais et leurs soldats que cette plaquette historique s’attache à faire revivre. Outre l’infrasructure militaire, je reste persuadé que nos réservistes, nos marins en escale, mais aussi les jeunes Nantais qui rejoindront nos rangs continueront de faire vivre ce lien armées-nation bien réel mais fragile et à entretenir entre Nantes et ses soldats.

 

Le Général de corps d’armée Patrick Marengo
commandant l’état-major de force n°2
commandant d’armes de la place de Nantes
Jean-Marc Ayrault
Député-Maire de Nantes

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